Ça y est ! Après des années de désinformation, l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) a mis à jour ses données concernant la pollution numérique.
Un peu d’historique
Une étude de l’Ademe de 2011 avait posé les bases sur la part du numérique dans les émissions mondiales de CO2. Cette étude se base sur des données incomplètes et contestées, et ses chiffres n’ont pas été mis à jour au fil des années pour tenir compte de l’amélioration des technologies et de l’efficience énergétique de nos équipements.
En conséquence, ces études ont été reprises par de nombreux acteurs et ont donné lieu à une vague de désinformation depuis quelques années. On nous aura fait croire que le numérique pollue autant que l’avion, qu’effectuer une recherche sur Google équivaut à laisser la lumière allumée pendant une heure ; ou encore qu’une année de mails correspond à 100km en voiture thermique.
Ces chiffres sont faux. Et nous détournent des vrais enjeux de décarbonation de la société en mettant sur un pied d’égalité le numérique et des industries bien plus polluantes, tel que le transport.
Agnès Pannier-Runacher participe elle-même à cette désinformation. En Mai 2022, la Ministre de la Transition Énergétique nous explique qu’il faut cesser d’envoyer des emails rigolos avec des pièces jointes, bien que ce geste ait un impact négligeable.
Les chiffres actualisés de l’Ademe
L’ademe a mis en ligne de nouvelles données ainsi qu’un simulateur permettant d’évaluer son impact numérique :
- 9000 emails par an = 1kg eqCO2
- 100 heures de streaming par an = 3.2kg eqCO2
- 260 heures de visioconférence par an = 2.1kg eqCO2
Accéder au simulateur de l’Ademe
L’importance des ordres de grandeur
Les chiffres exposés ci-dessus représentent mon usage personnel. L’Ademe effectue une comparaison avec des usages du quotidien. Ainsi, ma pollution numérique annuelle de 6kg eqCO2 correspond à :
- 29 kilomètres en voiture
- 0.9 repas avec du boeuf
- 1 T-shirt
Soyons francs, ces chiffres sont négligeables. En revanche, mon usage du numérique permet d’effectuer de colossales économies d’énergie sur d’autres domaines : grâce à la visioconférence, j’évite des milliers de kilomètres en voiture ou avion. Les emails évitent d’envoyer des lettres et de solliciter les véhicules de La Poste et les avions cargo.
Le numérique est vertueux et est une force dans la transition écologique.
L’impact de la fabrication du matériel
Le simulateur de l’Ademe montre que l’impact du numérique se situe en réalité au niveau de la fabrication des produits. Ils estiment que la fabrication d’une télévision représente 350kg eqCO2, et celle d’un téléphone portable 31kg eqCO2.
On en revient aux ordres de grandeur : la fabrication d’un ordinateur (135kg eqCO2) correspond à un aller-retour Paris-Nice. Si l’ordinateur permet d’éviter un seul voyage d’affaires grâce à la visio-conférence, il est amorti et rentabilisé.
Le vrai impact du numérique se situe donc dans la fabrication du matériel. Les efforts de communication sur la sobriété devraient avant tout porter sur la nécessité de conserver son matériel dans le temps, plutôt que de contester l’usage quotidien.